Des stades sans spectateurs, des arbitres sur vidéo et “la distanciation sociale”, 2020 a fini par faire mourir le plus humain des joueurs de football. Spécialiste du football brésilien et amoureux du football, la rédaction de Sambafoot a décidé de rendre cet hommage au meilleur des “Hermanos”.
Né dans un bidonville le 30 octobre 1960, Diego Maradona rejoint le club d’Argentina Juniors où il développe son football à partir de 10 ans. En 1981, c’est à Boca Juniors que le prodige se révèle au monde entier.
Apprenti-footballeur, Diego Maradona est sélectionné dès l’âge de 16 ans avec l’Argentine mais n’était pas retenu par César Luis Menotti pour disputer la coupe du monde 1978 qui sera gagnée par l’Argentine pour la première fois de son histoire à domicile.
La Guerre des Malouines débute le 2 avril 1982 quand les généraux au pouvoir en Argentine décident d’envahir les îles britanniques. La guerre se termine le 14 juin 1982 alors que la Coupe du monde de Football a commencé en Espagne la veille, le 13 juin 1982, avec l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande du Nord et l’Argentine qualifiées.
Après la défaite, les généraux argentins quittaient le pouvoir alors que Maradona avait déjà quitté l’Argentine avec la sélection. Déjà réservé au Barça, le joueur sera scruté par les fans pour cette coupe du monde dans son futur pays en pleine movida.
Les débuts à Barcelone
Décevant pendant la coupe du monde 1982, son Argentine est battue au deuxième tour par l’Italie puis par le Brésil de Socrates. Pire, pour ternir son image, Maradona est exclu à la fin de son dernier match de la coupe du monde pour un coup de pied dans le ventre de Batista, un manifeste.
En Espagne, Maradona doit affronter un football plus rugueux et il souffre d’une fracture de la cheville qui l’éloigne pendant des mois du terrain. Fantasque, le joueur est critiqué par les fans et déplait aux Espagnols d’une manière générale, à 23 ans, Maradona est un phénomène et une promesse.
Mais son palmarès comporte seulement un championnat gagné en Argentine avec Boca Junior en 1981 et les Coupes du Roi et de la Ligue avec le FC Barcelone en 1983.
C’est d’ailleurs à la fin de cette finale que Maradona est à l’origine d’une bagarre générale sous les yeux du roi qui provoque son départ à Naples.
Voir Naples et mourir
Transféré au Napoli en 1984 pour la somme record de 12 millions de dollars, soit un peu plus que son transfert de Boca au Barça, Maradona est attendu par plus de 70 000 supporters.
Incroyablement célèbre, capable d’actions incroyables sur le terrain comme lorsqu’il traverse tout le terrain en finale de la Coupe de la ligue espagnole pour marquer, l’image de Maradona est brouillée.
Accueilli en héros Maradona retrouvera Michel Platini en Serie A. Dès la première saison, Maradona termine troisième meilleur buteur avec 14 buts derrière Allessandro Altobelli (17 buts) et Michel Platini (18 buts).
La saison suivante, le Napoli termine troisième avant de gagner le premier titre de son histoire durant la saison 1986-1987 avec un Diego Maradona désormais champion du monde.
Champion du monde
Juste avant l’apothéose avec Naples, c’est le Mexique qui va accueillir la coupe du monde 1986 d’El Pibe de Oro.
Dans une compétition dantesque sous le soleil mexicain, Maradona va inscrire son nom en lettres d’or dans ce que beaucoup considèrent comme la plus belle de toutes les coupes du monde.
Qualifié dans le groupe A avec l’Italie de Carlo Ancelotti, Bruno Conti, Alessandro Altobelli, l’Argentine se qualifie pour les huitièmes de finale et élimine l’Uruguay avant d’affronter l’Angleterre.
Les grands champions ne ratent pas les grands rendez-vous et ce match restera le match le plus célèbre de l’histoire du football, en dehors des finales.
Contre l’Angleterre, Diego Maradona inscrira deux buts de légende, le premier sera la “main de dieu” où il marque de la main à la 51ème minute avant de marquer un but d’anthologie à la 55ème minute.
Maradona reçoit le ballon au niveau du rond central et se défait de 8 joueurs Anglais avant de marquer le deuxième but du match, assommant les Anglais.
Symbole de Maradona, espiègle comme le gamin de la rue qui “vole” un but avant d’inscrire le plus beau but des Coupe du monde. L’Argentine gagnera en finale contre un pays qui s’appelait alors la RFA, 3-2, avec un dernier but argentin de Burruchaga sur une passe décisive de Maradona.
Maradona éternel
Après ce titre de champion du monde, Maradona enchainera les titres avec Naples, champion d’Italie 1986-1987, meilleur joueur de Serie A en 1987-1988 et vice-champion en 1988, 1989.
Champion à nouveau en 1990 après avoir gagné la coupe de l’UEFA en 1989, le joueur rate sa coupe du monde 1990 en Italie.
À l’image d’un Messi durant la Coupe du monde 2014 au Brésil, Maradona traverse l’épreuve loin de son meilleur niveau.
En finale, c’est la RFA, ou l’ex-RFA ou la nouvelle Allemagne, on ne sait plus très bien, qui gagne contre les Argentins.
Diego Maradona, lui, a traversé l’épreuve sans inscrire le moindre but, il rate même son pénalty dans la séance de tirs au but contre la Yougoslavie en quart de finale.
Sifflé dans tous les stades italiens pour son appartenance à Naples, il n’y a que chez lui, dans le San Paolo de Naples qui portera désormais son nom qu’il réussit son tir au but contre…l’Italie en demi-finale.
Suspendu pour utilisation de cocaïne en 1991, Maradona sera transféré à Séville avant de retourner sur ses terres en Argentine aux Newell’s Old Boys puis à Boca Juniors.
Sélectionnés à nouveau pour la coupe du monde 1994, Maradona, hors de forme, est de nouveau contrôlé positif à une substance…dont peu importe le nom et quitte prématurément la compétition.
Sa carrière de joueur terminée, il sera tout à tour entraineur de la Sélection Argentine, aux Émirats, au Mexique, en Argentine, on le perd de vue et juste ses dernières frasques sont relayées dans la presse.
Interné pour un hématome au cerveau, Diego Maradona laisse au moins 8 enfants (dont 3 à Cuba) et plusieurs petits-enfants. De Messi au Pape en passant par Casagrande et mon concierge, Maradona laissera un vide béant.
Au contraire de Pelé ou d’autres, ce qu’à fait Maradona n’est pas une performance sportive, c’est une performance artistique et en cela, il est inégalable.