Le club de Belo Horizonte devient le premier club à prendre le statut de société anonyme, ce qui était interdit jusqu’à peu au Brésil
Le 6 août dernier, Jair Bolsonaro (président du Brésil) a signé le projet de loi 5516/2019 qui crée la Sociedade Anônima do Futebol (Société anonyme de football ou SAF). Si cette phrase peut sembler technique, c’est en fait une révolution au pays de Pelé, Zico, Ronaldinho et Neymar Cette mesure permet aux clubs de football brésiliens de devenir des d’entreprises, c’est à dire adopter le même modèle économique que la grande majorité des clubs européens.
Avec cette mesure, les clubs brésiliens peuvent transférer à la nouvelle société tous leurs actifs tels que le nom, la marque, les droits de participation aux compétitions professionnelles et posséder les contrats d’emploi des joueurs et d’utilisation de l’image. Ces “sociétés de football” peuvent désormais recevoir des fonds de la part de particuliers, d’entreprises ou de fonds d’investissement. Ces investisseurs pourront acheter des pourcentages des clubs qui adhéreront au nouveau modèle économique.
Pour Cruzeiro, ce nouveau statut est une bouée de sauvetage pour un club pris dans des problèmes financiers insolubles et qui s’apprête à vivre sa 3ème saison consécutive en Serie B. Il s’agit du premier grand club du pays à franchir le pas et à changer sa raison sociale pour devenir une société anonyme de football.
Le conseil d’administration du club de Minas Gerais avait déjà approuvé le changement en août, et le 29 novembre, c’est le président du club, Sergio Santos Rodrigues qui annonçait officiellement la création de la SAF. Il a ensuite enclenché le processus de transformation du club pour la première fois de l’histoire du football brésilien : il a envoyé la notification à la Confédération brésilienne de football (CBF) pour transférer les journées de compétition à la société, y compris sa position dans la Serie B. Au Brésil, les clubs étaient obligés d’être des associations et Cruzeiro prépare maintenant la vente de 49% à des investisseurs – limite actuelle du pourcentage du club qui peut être vendu. Cruzeiro est ainsi devenu le premier club brésilien à devenir officiellement une entreprise.
La dette du club a déjà dépassé la barre du milliard de réaux – elle est aujourd’hui de 1,1 milliard de réaux (170 millions d’euros). Cette devra être payée même après la vente d’un pourcentage du club. Dans une récente interview pour le portail UOL, le directeur du club Paulo Assis déclarait : “le paiement des obligations antérieures à la constitution de Cruzeiro-SAF est de la responsabilité de Cruzeiro-Association et sera payé par les débiteurs par un système centralisé de paiement et par l’allocation de 20% des revenus mensuels actuels gagnés par SAF”.
XP Investimentos, le plus grand courtier en investissements du Brésil serait intéressé à reprendre une partie du club. Malgré l’endettement actuel, les fans espèrent que les investisseurs potentiels pourront aider Cruzeiro à monter une équipe compétitive et à enfin ramener le club en série A.
Clubs sous forme d’Entreprises en Europe
Selon les chiffres d’Ernst & Young, 96 % des 202 équipes de premières et deuxièmes divisions des plus grands championnats européens sont déjà des entités privées.
En France, en Angleterre et en Italie, tous les clubs des deux premières divisions sont déjà des entreprises. En Espagne et en Allemagne, le pourcentage est respectivement de 90 % et 86 % des clubs fonctionnant selon ce modèle.
Parmi tous ces pays, les clubs allemands sont les seuls à ne pas pouvoir céder la majorité de leurs parts à des entreprises.
Le Real Madrid et le FC Barcelone sont deux des clubs qui résistent à devenir des entreprises ou sociétés anonymes. Ils restent des associations composées de sócios votant dans les assemblées. C’est ce système qui est actuellement en vigueur dans tous les clubs brésiliens sauf pour Cruzeiro mais tout cela va bientôt changer.
Autre Clubs Brésiliens qui peuvent devenir des SAF
D’autres clubs ont déjà manifesté leur intérêt pour devenir une Sociedade Anônima do Futebol (Société Anonyme de Football, nom juridique donné à ces nouvelles entités) dans les années à venir. Cela serait le cas avec l’América-MG, l’Athletico-PR et Botafogo.L’América-MG a déjà signé un contrat avec un milliardaire américain, du Kapital Football Group, et pourrait adopter le nouveau statut dès l’année prochaine.
L’Athletico-PR a organisé un vote parmi les sócios du club en novembre pour décider si oui ou non il fallait entamer le processus de migration vers un club d’entreprise, et le résultat a été positif.
Botafogo, pendant ce temps, a eu un appel de XP Investimentos, également cité pour acheter un pourcentage de Cruzeiro, et pourrait se diriger vers le même chemin que le club mineiro. Le Fogão (le gros feu, surnom du club de Botafogo) est également en proie à une grave crise financière et le changement de statut pourrait être la solution pour remettre l’équipe à flot.
Avec des clubs brésiliens qui dominent outrageusement les compétitions sudaméricaines, ce nouveau statut devrait permettre au football brésilien de monter une marche plus haut et, pourquoi pas, concurrencer les grandes ligues du Vieux-Continent.