C’est à l’occasion de la 21ème journée du Championnat brésilien de Série B (deuxième division brésilienne) que Celsinho, joueur de Londrina, a subi des insultes racistes à la fin du match joué le 28 août. Le joueur avait été traité de “singe” par Júlio Antônio Petermann, président du conseil de Brusque.
L’arbitre de la rencontre, Fábio Augusto Santos Sá avait relaté dans son compte-rendu qu’il avait entendu la phrase “Va te couper les cheveux, espèce de ruche d’abeilles”. Mais Londrina publiait le même jour une vidéo sur ses réseaux sociaux où il était possible d’entendre le mot “singe”. Le post répondait au club catarinense (de l’état de Santa Catarina) qui réfutait l’accusation et plaidait que Celsinho inventait l’affaire de manière opportuniste.
Conséquences
Après le post sur les réseaux sociaux du Tubarão (le requin, surnom de l’équipe de Londrina), le club de Brusque a présenté ses excuses et a adopté des mesures immédiates : renvoi du président du conseil et installation de caméras pour enregistrer les conversations sur le banc. Les entreprises “Barba de Respeito” et “Embrast” avaient immédiatement suspendu leurs contrats de sponsor avec le club.
Brusque et son conseil ont dû répondre de leurs actes au Superior Tribunal de Justiça Desportiva (STJD, Tribunal de justice sportive) et ont été accusés d’”actes discriminatoires” lors d’un jugement réalisé le 24 septembre. Les deux accusés, le club et le Conseil ont été déclarés coupables et punis. Le club catarinense avait écopé de 3 points de pénalité en Série B et d’une amende de 60 000 réaux (10 000 euros). Le dirigeant coupable avait été suspendu de son poste pendant 360 jours avec une amende de 30 000 réaux (5 000 euros).
Un mois plus tard, les joueurs et les employés de Brusque ont publié une lettre de protestation en demandant que la décision soit reconsidérée par l’entité judicaire. Dans le document, les joueurs disent que le groupe est composé en majorité d’athlètes afrodescentes (Noirs brésiliens) et que la décision de retirer des points en Série B pénalise le club et les athlètes qui ne sont responsables en rien du crime.
Le STJD est donc revenu sur sa décision le 18 novembre et a décidé de rendre les trois points de pénalité au club. Brusque lutte actuellement pour le maintien et augmente ainsi ses chances de ne pas être relégué en fin de saison en série C. La peine a été réduite en un match sur terrain neutre et le paiement de l’amende. La peine concernant le responsable du crime, Petermann, a elle était entièrement maintenue (amende et suspension).
Réaction de Celsinho
La victime de cette affaire avait déjà subi des actes de racisme durant d’autres matchs de Série B, notamment contre Goiás et Remo en juillet.
Le joueur de 33 ans qui est au club depuis 2020 a fait part de sa déception au sujet de la décision du STJD : “Le STJD avait une grande opportunité de tout changer, de faire quelque chose de réellement positif. Mais à vouloir contenter tout le monde, il s’est tiré une balle dans le pied. Au lieu de progresser, ils ont régressé. C’est honteux, quelle grande déception” a-t-il déclaré dans un entretien avec GE.
Autres cas de racisme dans le football brésilien ces dernières années
Ce cas n’est malheureusement pas le seul et ces dernières années ont vu plusieurs cas de racisme de la part de supporters ou de joueurs brésiliens comme l’affaire “Londrina-Brusque” :
- 2005 : durant le Classico du championnat Mineiro entre l’Atlético et América, le joueur Wellington de l’América lance des insultes racistes à André Luiz, de l’Atlético-MG. Le défenseur a reçu 30 jours de suspension.
- 2005 : Le gardien de Portuguesa, Felipe, portait plainte contre le président de Vitória, Paulo Carneiro l’accusant d’attaques raciales après un match de Série B. Le dirigeant a été éloigné du poste.
- 2005 : Juventude a été sanctionné de deux matchs sur terrain neutre et de 200 000 réaux d’amende (100 000 euros de l’époque) après que certains de ses supporters aient lancés des insultes racistes contre Tinga, milieu récupérateur de l’Internacional et ex-joueur du Borussia Dormund.
- 2005 : autre cas impliquant Juventude, le défenseur Antônio Carlos agresse Jeovânio de Grêmio avec des insultes racistes dans un match comptant pour le championnat Gaúcho. La Fédération Gaúcha de Football avait suspendu le défenseur pour 120 jours.
- 2014 : le gardien de Santos Aranha reçoit des insultes racistes de la part des supporters de Grêmio durant un match de Coupe du Brésil. Le STJD punira Grêmio en excluant le club Gaúcho de la compétition et une amende de 54 000 réaux (20 000 euros de l’époque).