La révélation brésilienne 2002
Dimanche 15 décembre, stade Morumbi, il est un peu moins de 15 heures à São Paulo. Le coup d’envoi de la finale retour du championnat national va être sifflé par l’arbitre Carlos Eugenio Simon devant plus de 80000 spectateurs. Sur le terrain, deux équipes paulistes : les Corinthians de São Paulo entrainés par Carlos Alberto Parreira et le Santos FC dirigé par l’ancien sélectionneur et gardien de but du Brésil Emerson Leão
Au match aller, le club cher au Roi Pelé l’avait emporté par deux buts à zéro grâce au milieu défensif Renato et à l’avant centre Alberto. En 2002, « O Peixe » (surnom du club santiste) a traversé une crise financière importante et a ainsi basé sa politique sportive sur les jeunes, formés majoritairement au centre de formation de Vila Belmiro comme les milieurx Diego et Elano ou l’attaquant Robinho.. Robinho….la révélation… étoile montante durant toute la compétition, ce gamin a tout simplement réalisé un match étonnant. Robinho de son vrai nom Robson de Souza est né le 25 janvier 1984 à São Vicente-SP.
Comme beaucoup d’enfants brésiliens, Robson a vécu sa jeunesse dans la pauvreté quotidienne des favelas, ses parents ayant tout juste de quoi se nourrir, son père dût travailler très dur pour pouvoir faire vivre sa famille et pour lui acheter ses premières chaussures de football. Il commença sa jeune carrière à l’âge de 6 ans comme beaucoup dans un gymnase, dans un club de « futsal » à São Vicente puis fut transféré à Portuario. Là très vite il fût remarqué par les recruteurs de Santos qui s’empressèrent d’en référer a Marcelo Teixeira, le président du club, lequel signa avec ses parents un contrat qui lie Robinho et le Santos jusqu’en 2005.
Il apprit ses premières gammes de footballeur professionnel à Vila Belmiro le stade légendaire du club et après quelques rencontres disputées avec l’équipe junior, il fût intégré dans le groupe de l’équipe première pour laquelle il inscrivit 17 buts en championnat d’état et 9 au cours du dernier championnat national. A Santos beaucoup le comparent déjà à un certain Pelé, qui déclarait d’ailleurs « lorsque Robinho a touché le ballon j’ai eu la chair de poule ». Sa vélocité et son toucher de balle diabolique mélangés à une excellente vision du jeu font de lui un attaquant redoutable malgré sa fébrilité physique apparente avec ses 172 cm pour 61 kg.
Robinho Dieu du Morumbi
Au cours de cette finale palpitante, dès l’entame de la rencontre il se positionne à la pointe de l’attaque en compagnie de son ami Diego (qui sortit très tôt suite à une blessure à la cuisse). les Corinthians formés de joueurs beaucoup plus expérimentés prennent le début de la rencontre à leur profit, la première action dangereuse de la rencontre étant au bénéfice de l’attaquant international Guilherme qui d’une tête vient inquiéter l’excellent gardien Fabio Costa. La réaction de Santos est menée par Robinho, protagoniste de l’action du match.
Il s’empare du ballon plein centre, réalise une brutale accélération puis se retrouve face à l’expérimenté Rogerio, c’est alors que pris au piège, il effectue une série de huit passements de jambes à une vitesse diabolique que certainement Ronaldo et Denilson autres spécialistes de ce geste apprécierent, beaucoup la comparèrent avec les dribbles endiablés du regretté Garrincha. Fatalement, le malheureux Rogerio, impuissant, répéta ce qu’Anderson Polga (sacré champion du monde au Japon en 2002) avait commis au cours de la demi-finale : stopper Robinho en le fauchant dans la surface de réparation. L’arbitre siffle inévitablement un penalty . Robinho ne laisse le soin à personne de le tiré il s’avance, sure de lui et de l’intérieur du pied loge le ballon dans le but de Doni (36ième), score acquit à la mi-temps .
Dès le retour des vingt deux acteurs, le public n’a d’yeux que pour Robinho et ne sont pas déçus : sur une nouvelle accélération, il prend de vitesse Fabio Luciano, et centre en direction d’Elano qui marque dans le but vide (47 ième). Les joueurs des Corinthians réagissent enfin en inscrivant deux buts par l’intermédiaire de Deivid (60 ième) et d’Anderson (69 ième). Dès lors, les hommes de Parreira reprennent espoir pour la victoire finale mais il était dit que ce jour là rien ne pourrait arriver à Santos étant donné la réussite de son jeune attaquant. C’est encore sur une nouvelle accélération fulgurante qu’il élimine Kléber et Vampeta, tous deux internationaux brésiliens, transmet le ballon à Léo qui inscrit le but du K.O. Une victoire 3 à 2 donc, et un premier trophée à 18 ans pour le gamin de São Vicente, comparable à ce qu’avait réalisé trente quatre ans en arrière un certain Pelé lors de la finale du championnat pauliste.
Un avenir prometteur, un joueur à préserver
Aujourd’hui, les médias se bousculent aux entrainements du Santos .Des grands clubs européens comme le Milan AC ou le Bayern de Munich aurait deja proposé plus de 20 millions d’Euros pour s’attacher les services de la révélation brésilienne 2002. Cependant, Robinho serait plus attiré par une aventure espagnole, plus précisément au grand Barcelone. Mais il est desormais acquis que le jeune pauliste restera au Santos en 2003 pour y disputer la fameuse Copa Libertadores que Santos remporta par deux fois en 1962 et 1963. Son future proche semble plus se diriger vers la sélection nationale. Certes la masse populaire souhaite son intégration rapide dans l’équipe pentacampeão mais le duo Parreira-Zagallo semble décidé à ne pas bruler les étapes et à le laisser évoluer tout d’abord en sélection des moins de 20 ans pour la Coupe du monde qui aura lieu aux Emirats Arabes Unis puis avec l’équipe nationale Olympique entrainée par l’ancien parisien Ricardo Gomes. Les sponsors ont également l’œil sur le prodige : la firme américaine Nike vient de signer un contrat important avec l’attaquant qui a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre au Brésil, un peuple qui n’est pas prêt d’oublier les affaires du géant américain avec un autre phénomène…